Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/318

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et met Marat au Panthéon, victime de son dévouement.

Vos comités de salut public et de sûreté générale, pleins de ce sentiment, m’ont chargé de vous demander justice au nom de la patrie, contre des hommes qui trahissent depuis longtemps la cause populaire, qui vous ont fait la guerre avec tous les conjurés, avec d’Orléans, avec Brissot, avec Hébert, avec Hérault et leurs complices, et conspirent en ce moment avec les rois ligués contre la République, qui ont favorisé le projet de vous détruire et de confondre le gouvernement républicain, ont été les défenseurs des traîtres et vos ennemis déclarés, et qui, pour échapper à la justice, prétendent que l’on vous attaque en eux. Ils ne témoignaient point cet intérêt pour vous, lorsqu’ils demandaient l’impunité de vos assassins et votre renouvellement qui eût été suivi de votre perte et de celle de la liberté. Puisse cet exemple être le dernier que vous donnerez de votre inflexibilité envers vous-mêmes ! Puissiez-vous, après les avoir réprimés, voir toutes les factions éteintes, et jouir en paix de la plénitude de votre puissance légitime, et du respect que vous inspirez !

On a tenté depuis longtemps de vous avilir, s’il était possible, vous avez marché entre la faction des faux patriotes et celle des modérés que vous devez abattre. Ces factions, nées avec la révolution, l’ont suivie dans son cours, comme les reptiles suivent le cours des torrents. Il faut quelque courage pour vous parler encore de sévérité, après tant de sévérité. L’Aristocratie dit : Ils vont s’entredétruire. Mais l’Aristocratie ment à son propre cœur, c’est elle que nous détruisons, elle le sait bien. La liberté ne fut point compromise par le supplice de Brissot et de Ronsin, reconnus royalistes. N’écoutez point la voix de ceux qui, tremblant devant la justice, s’efforcent de lier leur cause à l’illusion du patriotisme : la justice ne peut jamais vous compromettre, mais l’indulgence doit vous perdre !

Je viens donc dénoncer les derniers partisans du royalisme, ceux qui, depuis cinq ans, ont servi les factions et n’ont suivi la liberté que comme un tigre suit sa proie. Je vais analyser rapidement ce qui s’est passé, puis j’achè-