Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/320

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hommes revêtus de ces pouvoirs s’unissant pour vous accabler, le gouvernement était trop faible contre eux, parce qu’ils étaient livrés à l’intrigue et résistaient au bien public (de-là la marche convulsive des affaires). Vous ne pouviez atteindre immédiatement tous les abus, les agents les favorisaient. Rappelez-vous qu’ils ont tour à tour été livrés à Lafayette, à Dumouriez, au fédéralisme. Le caractère personnel de quelques-uns de leurs membres a sauvé la patrie dans les crises et dans les trahisons, mais la majorité de ces agents parut toujours livrée aux attentats.

L’étranger avait calculé toutes les conséquences d’un régime où les derniers fonctionnaires coalisés se rendaient plus puissants que le gouvernement même. Deux raisons énervaient les institutions : dans les uns, l’envie de sortir de l’honnête obscurité ; dans les autres, la perfidie et la complicité avec les ennemis de la Patrie. Une troisième raison renversait sans cesse l’harmonie suprême d’action dans le corps politique : c’était l’usurpation constante de l’influence de la représentation nationale et du gouvernement républicain émané d’elle.

Nous allons voir quel parti les factions surent tirer de ces vices de notre complexion ; nous allons voir comment tous les crimes, forcés à dissimuler par la violence du penchant du peuple vers la liberté, fermentèrent pêle-mêle avec la révolution ; nous allons démasquer tous les visages, nous allons suivre pas à pas l’étranger.

Depuis le commencement de la Révolution, l’Angleterre et les gouvernements ennemis du peuple français ont perpétué parmi nous un parti composé de diverses factions coïncidentes, mais quelquefois inconnues les unes aux autres ; l’une d’entre elles était-elle abattue, les autres étaient mises en mouvement par la crainte et venaient intercepter le cours de la législation et de la justice qu’elles redoutaient.

Le parti d’Orléans fut le premier constitué ; il eut des branches dans toutes les autorités et dans les trois législatures. Ce parti criminel, mais dénué d’audace, s’est toujours revêtu des prétextes de circonstances et des couleurs