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Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/338

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vendue d’abord à la nouvelle dynastie, ensuite à toutes les factions. Cette faction a abandonné Marat, et s’est ensuite parée de sa réputation, elle a tout fait pour détruire la République en amollissant toutes les idées de la liberté, elle eut plus de finesse que les autres, elle attaqua le gouvernement avec plus d’hypocrisie, et ne fut que plus criminelle.

Camille Desmoulins, qui fut d’abord dupe et finit par être complice, fut, comme Philippeaux, un instrument de Fabre et de Danton. On racontait comme une preuve de la bonhomie de Fabre, que celui-ci se trouvant chez Desmoulins au moment où il lisait à quelqu’un l’écrit dans lequel il demandait un comité de clémence pour l’aristocratie, et appelait la Convention la cour de Tibère, Fabre se mit à pleurer. Le crocodile pleure aussi.

Comme Camille Desmoulins manquait de caractère, on se servit de son orgueil. Il attaqua en rhéteur le gouvernement révolutionnaire dans toutes ses conséquences ; il parla effrontément en faveur des ennemis de la Révolution, proposa pour eux un comité de clémence ; se montra très inclément pour le parti populaire ; attaqua, comme Hébert et Vincent, les représentants du peuple dans les armées, comme Hébert, Vincent et Buzot, lui-même il les traita de proconsuls. Il avait été le défenseur de l’infâme Dillon, avec la même audace que montra Dillon lui-même, lorsqu’à Maubeuge il ordonna à son armée de marcher sur Paris, et de prêter serment de fidélité au roi. Il combattit la loi contre les Anglais, il en reçut des remerciements en Angleterre, dans les journaux de ces temps-là.

Avez-vous remarqué que tous ceux qui ont été loués dans l’Angleterre, ont ici trahi leur patrie ? Fabre, plus d’une fois, provoqua l’agrandissement des pouvoirs du comité de salut public, soit par lui-même, soit par ses amis ; nous frémîmes souvent d’un piège si méchant. Fabre espérait que nous succomberions sous le fardeau de tant d’affaires, il s’en vantait : mais le génie de la Liberté a vaincu pour nous.

Celui qui parmi nous accepta toujours avec le plus de joie le pouvoir, fut Hérault, le complice de Fabre et de l’étranger. Tout se lie, après que Fabre eut tout fait pour nous donner une juridiction dans le dédale de