Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/337

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Hérault était grave dans le sein de la Convention, bouffon ailleurs, et riait sans cesse pour s’excuser de ce qu’il ne disait rien. Il est en outre quelques rapprochements à faire de la conduite de ces hommes en différents temps.

Danton fut un lion contre Lafayette l’ennemi de d’Orléans. Danton fut plein d’indulgence pour Dumouriez l’ami de d’Orléans. Danton proposait il y a trois ans aux Jacobins la loi de Valerius, qui ordonnait aux Romains de tuer sur l’heure ceux qui parleraient de Tarquin. Danton ne trouva plus ni d’éloquence ni de sévérité contre Dumouriez qui trahissait ouvertement la patrie, et voulait faire un roi.

Danton, comme je l’ai dit, opina d’abord pour le bannissement du tyran et pour la mort ensuite. Il avertit souvent certains membres du comité de salut public, qu’il fallait beaucoup de courage pour y rester, parce que l’autorité qu’on lui confiait était dangereuse pour eux-mêmes.

Ce fut Danton qui proposa les 50 millions, ce fut Hérault qui l’appuya, ce fut Danton qui proposa qu’on érigeât le comité en comité de gouvernement ; c’était donc un piège qu’il croyait lui tendre.

Danton ayant été expulsé du comité, dit à quelqu’un : "Je ne me fâche point, je n’ai pas de rancune ; mais j’ai de la mémoire". Que dirai-je de ceux qui se prétendirent exclusivement les vieux Cordeliers ? Ils étaient précisément Danton, Fabre, Desmoulins, et le ministre, auteur des rapports sur Paris, où Danton, Fabre, Camille et Philippeaux sont loués, où tout est dirigé dans leur sens et dans le sens d’Hébert.

Que dirai-je de l’aveu fait par Danton, qu’il avait dirigé les derniers écrits de Desmoulins et de Philippeaux ? Vous êtes tous complices du même attentat. Tous vous avez tenté le renversement du gouvernement révolutionnaire et de la représentation ; tous, vous avez provoqué son renouvellement au 10 août dernier. Tous, vous avez travaillé pour l’étranger, qui jamais ne voulut autre chose que le renouvellement de la Convention, qui eût entraîné la perte de la République. Je suis convaincu que cette faction des indulgents est liée à toutes les autres, qu’elle fut hypocrite dans tous les temps,