Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/489

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




II



DISCOURS POUR LA DÉFENSE DE ROBESPIERRE




Quand, après la nuit tragique du 8 au 9 thermidor, Saint-Just quitta le Comité de salut public, ce fut pour aller rédiger ce discours. Il envoya à ses collègues du Comité un huissier porteur de ces mots : « Vous avez flétri mon cœur ; je vais l’ouvrir à la Convention. » Dès le début de la séance, Saint-Just prit la parole. Mais à peine avait-il prononcé quelques mots qu’il fut violemment interrompu par Tallien. Il ne put continuer. L’orage se déchaîna, sans que Saint-Just quittât la tribune. Immobile, impénétrable, tranquille, il contempla cette tempête humaine, qui se termina par un décret de mise en accusation. Le discours qu’il n’avait pu prononcer fut imprimé ensuite par ordre de la Convention.

Je ne suis d’aucune faction ; je les combattrai toutes. Elles ne s’éteindront jamais que par les institutions qui produiront les garanties, qui poseront la borne de l’autorité et feront plonger sans retour l’orgueil humain sous le joug de la liberté publique.

Le cours des choses a voulu que cette tribune aux harangues fût peut-être la Roche Tarpéienne pour celui qui viendrait vous dire que des membres du gouvernement ont quitté la route de la sagesse. J’ai cru que la vérité vous était due, offerte avec prudence, et qu’on ne pouvait rompre avec pudeur l’engagement pris avec sa conscience de tout oser pour le salut de la patrie.