Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/491

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C’est donc au nom de la patrie que je vous parle, j’ai cru servir mon pays et lui éviter des orages en n’ouvrant mes lèvres sincères qu’en votre présence.

C’est au nom de vous-mêmes que je vous entretiens, puisque je vous dois compte de l’influence que vous m’avez donnée dans les affaires.

Je suis donc résolu de fouler aux pieds toutes considérations lâches, et de vider en un moment à votre tribunal une affaire qui eût causé des violences dans l’obscurité du gouvernement. La circonstance où je me trouve eût paru délicate et difficile à quiconque aurait eu quelque chose à se reprocher, on aurait craint le triomphe des factions, qui donne la mort. Mais, certes, ce serait quitter peu de chose qu’une vie dans laquelle il faudrait être ou le complice ou le témoin muet du mal.

J’ai prié les membres dont j’ai à vous entretenir de venir m’entendre. Ils sont prévenus à mes yeux de fâcheux desseins contre la patrie, je ne me sens rien sur le cœur qui m’ait fait craindre qu’ils récriminassent, je leur dirai tout ce que je sens d’eux sans pitié.

J’ai parlé du dessein de détruire le gouvernement révolutionnaire. Un complice de cet attentat est arrêté et détenu à la Conciergerie. Il s’appelle Legray, il avait été receveur des rentes, il était membre du Comité révolutionnaire de la section du Muséum. Il s’ouvrit de son projet à quelques personnes qu’il crut attirer dans son crime.

Le gouvernement révolutionnaire était, à son gré, trop rigoureux, il fallait le détruire. Il manifesta qu’on s’en occupait.

Legray ajoute que des discours étaient préparés dans les sections, contre la Convention nationale, il se plaignit de l’expulsion des nobles, que ç’avait été un moyen de les reconnaître pour les assassiner, que la mémoire de Danton allait être réhabilitée et qu’on ferait repentir Paris des jugements exécutés sous ses yeux.

Dans le même temps, le bruit dans toute l’Europe se répandait que la royauté, en France, était rétablie, la Convention nationale égorgée et l’arbre de la liberté et