Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/513

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ment sauvage, il ne serait point né pour la société, mais pour se détruire…

Je laisserais la question comme je l’ai trouvée, si la nature même de cet ouvrage ne m’obligeait de la résoudre. Car, enfin, si je prétends que les hommes ne sont point faits pour un état de guerre, et que leur fécondité nécessite la guerre, je me trouve en contradiction avec le principe de la société que j’établis.

Je ne connais pas encore un seul exemple d’une guerre entreprise à raison d’une fécondité positive.

Le monde, tel que nous le voyons, est presque dépeuplé ; il l’a toujours été. La population fait le tour de la terre et ne la couvre jamais tout entière. Je n’ose dire quel nombre prodigieux d’habitants elle pourrait nourrir ; et ce nombre ne serait pas encore rempli, quand le fer n’aurait pas immolé la moitié du genre humain. Il me semble que la population a ses vicissitudes et ses bornes en tout pays, et que la nature n’eut jamais plus d’enfants qu’elle n’a de mamelles.

Je dis donc que les hommes sont naturellement en société et naturellement en paix, et que la force ne doit jamais avoir de prétexte pour les unir ou les diviser.

TROISIÈME FRAGMENT

IDÉES GÉNÉRALES

1. Institutions

S’il y avait des mœurs, tout irait bien ; il faut des institutions pour les épurer. II faut tendre là : voilà tout ce qu’il faut faire ; tout le reste s’ensuivra.

La terreur peut nous débarrasser de la monarchie et de l’aristocratie ; mais qui nous délivrera de la corruption ?… Des institutions. On ne s’en doute pas ; on croit avoir tout fait quand on a une machine à gouvernement…

J’entends dire à beaucoup de gens qu’ils ont fait la révolution. Ils se trompent, elle est l’ouvrage du peuple. Mais