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Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/514

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savez-vous ce qu’il faut dire aujourd’hui, et ce qui n’appartient qu’au législateur même ?… C’est la république…

Démosthène contribua à perdre la Grèce. Son influence détermina l’opinion en sens contraire de ce qu’il fallait pour sauver la patrie. Il se contenta de don¬ner des conseils qu’on ne suivit point. La Grèce était corrompue ; il y fallait une révolution et d’autres lois. Les anciennes n’avaient plus assez de force contre la force du génie de Philippe…

Il y a trop de lois, trop peu d’institutions civiles. Nous n’en avons que deux ou trois. À Athènes et à Rome il y avait beaucoup d’institutions. Je crois que plus il y a d’institutions, plus le peuple est libre. Il y en a peu dans les monarchies, encore moins dans le despotisme absolu. Le despotisme se trouve dans le pou¬voir unique, et ne diminue que plus il y a d’institutions.

Une institution composée de beaucoup de membres, et une institution composée d’un membre unique, sont despotiques. La volonté particulière triom¬phe dans l’une et dans l’autre, et c’est moins la loi que l’arbitraire qui s’y glisse. Nos institutions sont composées de beaucoup de membres, et les institutions sont en petit nombre. Il faudrait que nos institutions fussent en grand nombre et composées de peu de personnes… Il faut diminuer le nombre des autorités constituées.

Il faut examiner le système des magistratures collectives, telles que les municipalités, administrations, comités de surveillance, etc., et voir si distribuer les fonctions de ces corps à un magistrat unique dans chacun ne serait pas le secret de l’établissement solide de la révolution…

Une loi contraire aux institutions est tyrannique.

2. Lois

Les longues lois sont des calamités publiques.

La monarchie était noyée dans les lois ; et, comme toutes les passions et les volontés des maîtres étaient devenues des lois, on ne s’entendait plus.