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LES SAISONS 137

dans leurs établissements, & le mêlent à celui de commerce.

C’est donc le caractère de l’Europe dans le quinzième siecle, qui a fait le malheur des trois quarts de la Terre & de l'Europe même.

Mais les nouvelles découvertes ont été un remède à ce caractere; elles l'ont changé, & le changent encore; l'étude qui détruit le plus les préjugés, c’est l'étude des Nations; la lecture des Voyageurs & les Voyages nous ont plus éclairé dans un siecle que toutes les Universités, & la lecture des Anciens n’avoient fait jusqu'alors.

L'esprit de commerce a remplacé peu-à-peu l'esprit de conquête.

La Philosophie a éclairé le commerce même, & a montré qu’il n’en est point de solide sans une industrie intérieure & une bonne agriculture.

Le commerce étendu & le change ont fait naître des richesses qui sont, pour ainsi dire, le mobilier de toutes les nations : la destruction d’un peuple est la ruine de tous les autres, & la dévastation n’est plus une suite de la guerre.

L'industrie encouragée a donné aux hommes des arts nouveaux, des machines nouvelles. Un homme qui possède dix mille livres de rente, dans une des grandes villes de l’Europe, jouit de mille commodités que ne pouvoit avoir l'empereur Auguste, maître du monde.

Des grands chemins, des canaux, des rivieres rendues praticables, facilitent en Europe, en Chine, au Japon, le transport des denrées & les voyages; des forêts abattues,