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Page:Saint-Lambert - Les Saisons, 1769.djvu/61

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LES SAISONS

L’ÉTÉ

 
O Toi dont l’Eternel a tracé la carrière,
Toi, qui fais végéter, & sentir la matière,
Qui mesures le tems, & dispenses le jour ;
Roi des mondes errants qui composent ta cour,
Du Dieu qui te conduit noble & brillante image,
Les saisons, leurs présents, nos biens, sont ton ouvrage.
Tu disposas la terre à la fécondité,
Quand tu la revêtis de grace & de beauté.
Tu t’élevas bientôt sur la céleste voûte,
Et des traits plus ardents ont embrasé ta route.
De l’équateur au pôle, ils pénètrent les airs,
Le centre de la terre & l’abîme des mers ;
A des êtres sans nombre ils donnent la naissance ;
Tout se meut, s’organise, & sent son existence ;
La matiere est vivante, & des champs enflammés
Le sable & le limon semblent s’être animés.
Les germes des oiseaux, des poissons, des reptiles,
S’élancent à la fois de leurs prisons fragiles.
Ici le faon léger se joue avec l’agneau ;
Là le jeune coursier bondit près du chevreau ;
Sur les bords opposés de ces feuilles légères,
Résident des tribus l’une à l’autre étrangères ;
Les calices des fleurs, les fruits sont habités ;
Dans les humbles gazons s’élèvent des cités ;