Page:Saint-Lambert - Les Saisons, 1775.djvu/309

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celles-là que nous voulons conserver ; nous sçavons leur en substituer d’autres. Philips & moi, nous ne nous croyons point parfaits ; mais nous tendons à le devenir ; nous sommes bons & nous espérons nous rendre meilleurs ; nous jouïssons de l’espérance du mieux dans la jouïssance du bien ; le présent nous contente & l’avenir nous transporte. Ce dessein de se perfectionner l’un par l’autre, nous rend plus chers & plus nécessaires l’un à l’autre : il nous rend nos sentiments plus précieux en nous les rendant plus respectables ; il ajoute au respect de nous-mêmes ; il conserve toute l’activité de nos cœurs & le délicieux enthousiasme de l’amour. C’est aussi pour entretenir en nous la passion de la vertu & pour en trouver sûrement la route que nous lisons beaucoup les Romans de Richardson : combien de fois avons-nous fait le bien dont il nous a donné l’idée, & que peut-être nous n’aurions pas fait sans lui ! Nous lisons aussi beaucoup les Poëtes ; mais nous avons choisi de préférence ceux qui nous parlent des champs où nous vivons, & de cette nature que nous aimons.

La lecture des Poésies champêtres est délicieuse pour ceux qui en ont les objets sous les yeux. La