Page:Saint-Lambert - Les Saisons, 1775.djvu/329

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ta jeunesse au village d’Onébo. Des perfides nous ont enlevés à nos parents, mais Wilmouth est notre père. Le nègre avoit à peine prononcé ces mots, qu’il sortit avec précipitation ; Ziméo fit un geste pour l’arrêter, & se pancha sur l’autre nègre qui restoit auprès de lui & qu’il regardoit avec attendrissement ; il sembloit porter des yeux plus satisfaits sur les campagnes de la Jamaïque & en respirer l’air avec plaisir depuis qu’il lui étoit commun avec plusieurs nègres du Benin. Il nous dit après un moment de silence : Ecoutez, hommes de paix, le malheureux Ziméo, il n’espère qu’en vous, & il mérite votre pitié ; écoutez ses cruelles aventures.

Le grand Damel, dont je suis l’héritier, m’avoit envoyé, selon l’ancien usage du Benin, chez les laboureurs d’Onébo qui devoient finir mon éducation ; elle fut confiée à Matomba, le plus sage d’entre eux, le plus sage des hommes : il avoit été long-tems un de nos plus illustres Kabashirs [1] ; dans le conseil de mon père il avoit souvent empêché le mal & fait faire le bien ; il s’étoit retiré, jeune encore, dans ce

  1. Espèces de Nobles.