Page:Saint-Lambert - Les Saisons, 1775.djvu/333

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Onébo n’est qu’à cinq milles de la mer ; nous étions sur le rivage une heure après le lever du soleil ; nous vîmes deux vaisseaux l’un auprès de l’autre ; ils étoient couverts de branches d’arbres, les voiles & les cordages étoient chargés de fleurs. Dès qu’ils nous apperçurent, ils firent entendre des chants & des instruments ; ce concert, cette pompe nous annonçoient une fête agréable. Les Portugais vinrent au-devant de nous : ils partagèrent notre troupe & nous montâmes à nombre égal sur les deux vaisseaux.

Il en partit deux coups de canon : le concert cessa ; nous fûmes chargés de fers & les vaisseaux mirent à la voile.

Ziméo s’arrêta dans cet endroit de son récit, & reprenant la parole : Oui, mes amis, ces hommes à qui nous avions prodigué nos richesses & notre confiance, nous enlevoient pour nous vendre avec les criminels qu’ils avoient achetés au Benin. Je sentis à la fois le malheur d’Ellaroé, celui de Matomba & le mien : j’accablai les Portugais de reproches & de menaces ; je mordois ma chaîne ; je voulois mourir, mais un regard d’Ellaroé m’en ôtoit le dessein : les monstres du moins ne nous avoient pas séparés, mais Matomba étoit sur l’autre vaisseau.