Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/20

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Pour porter à jamais son flambeau souverain,
Sur ce céleste don, sur ce talent divin
Qui passe tous les dons, et pour qui tu m’implore.
Phanor, faut-il fixer les yeux sur son aurore ?
Tu gémiras de voir quelle fatalité
A su depuis longtemps obscurcir la clarté
Dont cet astre radieux brillait à sa naissance.
Ce rayon pur extrait de la plus pure essence,
Aux premiers jours du monde éclaira les humains.
La lumière que Dieu remit entre leurs mains
Devait guider leurs pas dans la nuit de la vie.
Tranquilles, fortunés pendant qu’ils l’ont suivie,
Rien ne peut exprimer les douceurs de leur sort.
Telle est l’activité de ce divin ressort,
Qu’ils semblaient dans leurs vers traduire la nature,
De l’univers entier dessiner la structure ;
Servir partout d’organe à la vertu des cieux,
Tout leur être était plein de l’image des Dieux.
Aussi rien n’égalait l’ordre et la paix sacrée
Qui fforissaient alors au sein de l’empirée.
De mes élus les sons sagement cadencés,
Tous les objets par eux fidèlement tracés,
Et de tous leurs tableaux la touche régulière,
Paraissait à mon œil unir la terre entière.
Ma lyre secondait ces vertueux accents :
Ces saints accords servaient de mobile à l’encens
Dont se doit parfumer l’autel où Dieu réside,
Et semblaient s’élever par un vol plus rapide.
Mais Phanor, plus tu crois à la beauté des dons
Que ces dignes élus puisaient dans mes leçons,