Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Plus tu sais t’assurer des droits a leurs lumières.
Fixe donc un instant l’objet de nos mystères ;
C’est le prix que mon Dieu destine à ta vertu ;
Le ministère saint que du ciel j’ai reçu,
Me fait servir d’organe à cette récompense ;
Au nom de poésie il joint l’intelligence,
Et, sous ce double titre, il m’est permis d’entrer
Où jamais des mortels l’oeil n’a pu pénétrer.
Bien n’est mort, Dieu voit tout, et tout dans son empire
Vit par lui, de son souffle il engendre, il inspire
L’homme et tous les agents que leur titre divin
Rend libres et chargés de leur propre destin.
Des traits de cet auteur ils sont tous l’assemblage :
Car Dieu ne pense point sans créer son image,
Sans former d’autres Dieux. Et cette vérité
Sur l’esprit des mortels a tant d’autorité,
Que dans tous les instants leur sublime nature
Leur en fait en secret retracer la figure.
De là ce noble instinct, cet orgueil des humains
Qui leur fait tant priser les œuvres de leurs mains :
Jusque dans les abus de leur saint caractère,
Ils veulent être pris pour les Dieux de la terre.
Oui, c’est Dieu qui t’anime. Un feu moins vif, mais pur,
Embrassant l’univers dans un cercle d’azur,
Etend autour du monde une triple atmosphère.
De ce feu, l’humble insecte et la superbe sphère
Tiennent tous deux la vie avec le mouvement.
Ce feu vif toutefois n’est pas un élément.
Tout élément est mixte, impur et variable ;
Mais ce feu qui l’engendre est simple, impérissable.