Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/25

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Par mes soins tout a coup nagea dans l’abondance ;
Jusqu’aux bornes du monde étendit sa puissance ;
Sous de nouveaux accords enseignés par les cieux,
Eleva dans les airs ses chants mélodieux ;
Sut à la fois du haut de sa cime embrasée,
Faire éclater la foudre, ou verser la rosée,
Selon qu’elle eût à perdre ou bénir les mortels.
Bien plus, Phanor, ces traits puisés sur mes autels,
Toute la terre a vu leurs sources créatrices,
En divisant le cours de leurs eaux productrices,
Venir de mes trésors enrichir l’univers,
Et répandre en tous lieux ,l’empire de mes vers.
Tu le sais, on a vu l’art de la Poésie,
Après avoir brillé dans le sein de l’Asie,
Se répandre parmi toutes les Nations,
Le sauvage lui-même en sentir des rayons,
Et mon astre depuis l’Ebre jusqu’à la Chine,
Des sciences partout précéder l’origine.
Oui, Phanor, on a vu tous les peuples fameux
De l’enfance subir encor le joug honteux,
Et posséder déjà des Poètes célèbres.
On a vu mon flambeau dissiper ces ténèbres,
A son feu chez l’Anglais éclore les Chaucer,
Les Fox, les Shakespear, les Hilton, les Spencer ;
Chez les fameux Romains, les Plaute, les Térence,
Les Ennius, fermer les siècles d’ignorance ;
Le nom français devoir son siècle le plus beau,
Aux Corneille, aux Racine, aux Molière, aux Rousseau.
Les Dante, les Pétrarque, arracher l’Italie
Au néant où les temps l’avaient ensevelie.