Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/26

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Enfin ces faits frappants que ma voix t’a cités, ’
Autrefois chez les Grecs se trouver répétés
Par les chants d’Hésiode et la lyre d’Homère.
Ces pouvoirs, ces trésors, ce flambeau qui m’éclaire,
A nos deux univers avaient droit d’assurer
Un tel repos que rien n’aurait dû l’altérer ;
Et mes élus soumis à des lois si propices,
Auraient pu se nourrir d’éternelles délices :
Et cependant ces jours si beaux, si fortunés,
Si doux pour mon empire, à peine étaient-ils nés,
Que j’en vis affaiblir et l’éclat et les charmes.
Ce fut pour prévenir de plus grandes alarmes,
Qu’alors je fis briller parmi les Nations,
Ces emblèmes divers, toutes ces fictions
Qui pouvaient de la nuit dissiper les nuages,
Et signaler le port du milieu des orages ;
Mais l’homme a ses écarts donnant un plus grand cour»,
Loin de mettre à profit mes utiles secours,
S’est livré d’autant plus à sa pente fatale,
Et de son monde au mien, augmentant l’intervalle,
Chaque jour vers l’erreur il s’est précipité ;
Plût au ciel qu’il ne fut que dans l’obscurité.
Mais dans ces derniers temps, un bruit épouvantable,
M’a trop appris combien son sort est lamentable.
Phanor, soudain, j’entends un mélange confus
De sons faux, et d’accents mal formés, mal rendus,
Qui choquent de mes lois la divine harmonie.
Du séjour des mortels je crois ma voix bannie ;
Je crois qu’ensevelis dans ce lieu ténébreux,
Ils ont tous oublié le seul art d’être heureux :