Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/27

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Cet art que leur dictaient mes leçons salutaires,
Et je cens que leur voix profanant mes mystères,
Ne va plus désormais remplir ma région
Que des cris de désordre et de confusion.
O douleur ! .... à l’instant la sagesse éternelle,
Qui seconde toujours mon amour et mon zèle,
M’ordonne de paraître à son saint tribunal.
Comme elle me choisit pour servir de canal
Aux dons qu’elle destine aux illustres Poètes,
Je désirais, suivant ses volontés secrètes,
Déposer à ses pieds les fertiles moissons
Que sa justice a droit d’attendre de ses dons.
Mais en portant mes pas au bord du sanctuaire,
N’y pouvant plus offrir le tribut ordinaire
Des hymnes de la terre et du chant des humains,
Je ne sus qu’élever de suppliantes mains,
Attendre, l’œil en pleurs, humble et dans le silence,
Les ordres souverains de la Toute - Puissance.
Du sein des profondeurs d’un nuage enflammé,
Par le feu des esprits dont il est animé,
L’Eternel m’aperçoit ; le nuage s’entrouvre :
La majesté suprême à mes yeux se découvre,
Le Dieu parle : » pourquoi n’entends-je plus les voix
Des mortels que ton nom a soumis à tes lois ;
Fatigués de te suivre et d’être tes organes,
Ne profèrent-ils plus que des aecents profanes ?
Auraient-ils fait un pacte avec l’iniquité ?
Et seraient-ils jaloux de-ma divinité ?
Descends Vers eux, apprends à leur cœur indocile,
Que sans toi, tous les maux rempliraient leur asile,