Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/31

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Et ne prouve arec lui votre correspondance ;
Mais voyez à quel point va votre inconséquence :
Vous vous dites sans cesse inspirés par les cieux,
Et vous ne frappez plus notre oreille et nos yeux
Que par le seul tableau des choses de la terre,
Quelques traits copiés.de l’ordre élémentaire,
Les erreurs des mortels, leurs fausses passions,
Les récits du passé, quelques prédictions
Que vous ne recevez que de votre mémoire,
Et qu’il vous faut suspendre où s’arrête l’histoire :
Voilà tous vos moyens, voilà tous les trésors
Dont nous fassent jouir vos plus ardents efforts.
Pour nous représenter des tableaux si faciles,
On le sait, les secours des Dieux sont inutiles.
Ces tableaux, ces mortels en sont environnés ;
A l’examen de l’homme ils sont abandonnés.
Vous avez sous les yeux, et l’homme et la nature ;
Vous pouvez aisément nous offrir la peinture
De leur loi, de leur marche et de leur action,
Sans aller recourir à l’intervention
De ressorts destinés à de plus saints usfiges.
Et même ces tableaux-placés dans vos ouvrages,
Que sont-ils comparés aux objets naturels
Que l’homme et l’univers présentent aux mortels ?
Laissez, laissez le soin à la nature vive
D’offrir à notre esprit une étude instructive,
Au lieu de ces objets vaguement entassés
Dans les tableaux confus que vous nous en tracez.
Mais quoi diviniser cet univers sensible, N’est-ce pas nous prouver l’univers invisible ?