Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/32

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Ce temple où nous sentons que l’on tient réservés
Des trésors et des biens dont nous sommes privés ?
Vous donc qui prétendez que le ciel vous inspire,
Mortels, serait-ce en vain que du céleste empire
La sagesse eût daigné vous accorder l’accès ?
Non, non : ou renoncez à vanter vos succès,
Ou bien, osez fixer ces sublimes images, \
Et ces types sacrés dignes de nos hommages.
Allez, allez puiser dans les célestes lieux,
Ces tableaux et ses traits qui sont loin de nos yeux ;
Tâchez de recouvrer la clé du sanctuaire
Dont l’homme à sa naissance était dépositaire ;
Entrez-y, recueillez ces trésors fortunés,
Ces lauriers saints qui tous nous e’taient destinés :
Puis célébrez le prix de ces biens ineffables,
C’est alors que vos chants vous seront profitables,
Que vous aurez vraiment soulagé nos besoins.
Comment douterions-nous qu’à de semblables soins, Qu’à verser ses trésors le ciel ne nous destine, Que votre mission, mortels, ne soit divine, Puisque votre nom seul renferme un sens divin. L’antiquité nommait un Poète un devin : Effacez de ce mot le vernis ridicule Que lui donna partout l’ignorance crédule, Et vous reconnaîtrez dans sou sublime sens, Combien le ciel pour vous prodigua ses présents ; Vous y reconnaîtrez que le droit des Poètes Marche d’un pas égal à celui des Prophètes ; Qu’ainsi vous nous devez par votre mission, De semblables bienfaits, la même instruction,