Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/34

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Si dans le trouble obscur où leur être se trouve,
L’esprit doit adopter ce que leur cœur éprouve ;
Enfin, si selon vous leur persuasion
Ne doit pas tout son prix à leur illusion.
Ah ! si vous n’êtes pas persuadés vous - mêmes :
Arrêtez - vous, vos chants deviendraient des blasphèmes,
Un sacrilège impie, un abîme d’horreurs.
La vérité peut bien excuser les erreurs ;
Mais sa voix menaçante est toujours importune
A celui qui cherchant la gloire ou la fortune,
Ose employer en vain le nom des immortels,
Et détourner l’encens qu’attendent leurs autels.
N’allez plus écoutant ce monstrueux parjure,
Charger la vérité de servir l’imposture ; .
Elle désavouerait le nom que vous portez,
Et vos yeux contre vous verraient de tous côtés
S’élever ces élus, ces célestes ancêtres,
Que vous êtes forcés d’avouer pour vos maîtres.
Ces élus qui remplis de la force des Dieux,
Sur la terre semblaient les habitants des cieux.
Frappez plutôt, frappez notre oreille épurée
Par les sons imposants de leur langue sacrée ;
Et nul trouble n’ira se joindre à nos transports ;
Vos accents émanés de vos divins rapports,
Rendront de vos pouvoirs les faveurs si présentes,
Que rien n’obscurcira ces clartés bienfaisantes ;
Ces rayons que transmet aux mortels vertueux,
Le sentiment du Dieu qui vient s’emparer d’eux,
Qui les brûle et nourrit leur âme épanouie
Des charmes continus d’une joie inouie.