Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/33

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Puisque de Dieu, comme eux, vous lisez les merveilles.

Vous avez prétendu ressembler aux abeilles Qui, dans l’éclat du jour, cueillent de tous côtés Les sucs et les parfums qui leur sont présentés ; Mais combien leur talent nous est plus salutaire ! Il soulage nos corps, les nourrit, les éclaire ; Et vous à vos travaux qui donnez tant de prix, Au lieu de procurer ces biens à nos esprits, Vous ne vous consacrez qu’à votre propre gloire. Et même à vos leçons comment poumons-nous croire Quand vous joignez l’erreur avec l’impiété ? Jadis les fictions ornaient la vérité, Elle leur permettait de se montrer près d’elle ; Mais, depuis qu’à ses lois l’homme n’est plus fidële, C’est elle qui paraît orner vos fictions.

Aussi dans la chaleur de vos productions, D’une secrète horreur si vos Muses touchées, Entr’ouvrent des enfers les retraites cachées, Et pour remplir d’effroi les coupables humains, Montrent l’impie en proie aux rigeurs des destins ; On si prenant un vol moins sombre et plus sublime, Vous voulez célébrer le Dieu qui vous anime, Et par les traits divins de ses dons enchanteurs, D’un saint ravissement pénétrer vos lecteurs : Leur âme ne jouit qu’avec inquiétude ; Il reste dans le doute et dans l’incertitude, Si lorsque vos efforts viennent les émouvoir, La franchise chez vous seconde le savoir ;