Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/49

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Mais toi, mortel, mais toi qui, sous des traits divers, As lu cette unité dans l’homme et l’univers { Et ne peux rien toucher qui ne te la révèle, Comment justifier ton erreur criminelle ? Dans tes vastes projets, dans tes nobles efforts, Ta pensée est toujours l’idole de ton corps ; C’est toujours a l’esprit que tu te sacrifies ; Tu vas montrant partout des Dieux et des Génies ; Consacrant chaque objei, chaque jour, chaque lieu, Et divinisant tout enfin, excepté Dieu.
J’aborde en ces moments le temple funéraire : Oh ! morts, consolez-moi dans ma tristesse amere ; Je ne peux qu’à vous seuls confier mes chagrins. Ils ne me croiraient pas, les malheureux humains, Si je leur dépeignais leurs profondes blessures. Entiers à leurs dédains, entiers a leurs murmures, Que produiraient sur eux les larmes d’un mortel !
La, mon penchant m’entraîne a prendre pour autel, Quelqu’un de ces tombeaux, dont l’enceinte est remplie. L’être, dont la dépouille y dort ensevelie, Devait servir d’offrande, une invisible main, Sans doute, me guidait dans ce pieux dessein. Mon choix ne tomba point sur ceux que la naissance, La fortune, l’orgueil d’une vieille science, Avaient environnés d’un éclat emprunté ; J’aurais craint que dans eux quelque difformité, Quelque tache n’eût fait rejeter mon offrande. Pour l’avoir pure, ainsi que la loi le demande,