Page:Saint-Point - L’Orbe pâle, 1911.djvu/77

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L’ADOLESCENT a un frère. C’est un petit enfant. J’entends de très loin sa voix gracile qui parle à toutes choses durant qu’il joue, pendant des jours entiers, seul sur la grève ; lorsqu’il est venu avec l’adolescent, je n’ai pu le faire parler malgré toutes mes avances, toutes celles que je sais seulement faire aux petits et aux animaux.

Cet enfant qui vit solitaire est sauvage et timide, mais l’adolescent, pour l’expliquer, m’a dit :

— Il a honte.

Honte de quoi ? — ai-je pensé. Honte de se révéler ?

Les enfants, vraiment, auraient-ils cette pudeur, et les êtres simples, seuls, auraient-ils su la comprendre et la définir.

— Il a honte.

Sous la lune, peut-être parlerait-il ? Mais lui, il dort.