Nuit et jour, sans repos, sans répit, il composait. Même, après les avoir espacés, il renonça à ses bains de mer et de soleil.
Ses traits se tiraient, ses yeux se creusaient, tandis qu’il ne sentait pas la fatigue. Il avait passé les limites de son corps. Celui qui a le courage et la force d’aller au-delà de ce point atrocement douloureux, est, pour un temps, libéré. Il a dompté son corps, il ne subit plus sa révolte.
Celui-ci, pourtant, souffre et s’use, mais cette douleur et cette usure n’arrivent plus à la conscience.
Christian en était à ce point sublime. Tout enserré dans les filets de son rêve, dans les lignes de sa création, il faisait automatiquement les quelques gestes quotidiens, absolument inévitables, comme ceux de paraître à table et de faire l’obscurité à onze heures ; mais il ne lui semblait pas que ce fut lui qui agit, tant il participait peu à ces gestes.
Rien ne le distrayait de son idée. Il était arrivé à prononcer les quelques paroles insignifiantes et indispensables à la vie familiale, sans que sa pensée les dictât.
Sa conscience, sa lucidité étaient ailleurs. Il les laissait dans la bibliothèque, attachées à l’œuvre qu’ainsi il n’interrompait pas. L’atmos-