Page:Saint-Pol-Roux - La Dame à la faulx, 1899.djvu/19

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signifiant œuvre première, doit charrier en soi la sève du monde et paraître un tout à la fois principe et fin, une révélation, — une création par quoi le poète s’égale à Dieu puisqu’il le découvre, le démystérise, le précise et le regarde en face.

En somme Dieu n’est que cette incommensurable portion de la Vie qui nous reste étrangère, inconnue.

Explorons-le, poètes, avec ferveur.

Amplifions et magnifions la Vie, notre mère- patrie, en colonisant Dieu.

Pour LA DAME A LA FAULX j’ai usé de formes adéquates aux émotions traversées — ici le mode fixe, parfois une simple ligne à cadences, souvent la prose aux vertèbres d’harmonie et queue d’assonance, là le vers d’allure anarchique — éclairant le tout d’une vierge atmosphère de « chanson populaire », insistant avec une évidente complaisance sur le vers de quatorze pieds que je considère comme un progrès sur l’alexandrin d’un appariement à la longue harassant et compassé en dépit de ses avatars modernes.

Au demeurant, clamons qu’il n’y a pas, à proprement parler, une « écriture en vers » plus qu’une « écriture en prose », il y a le style de la Beauté simplement. L’expression de la Beauté ne se caté-

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