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ANTOINE RUBINSTEIN


En ce temps-là, Chopin ayant disparu du monde, douce étoile du soir qui n’avait brillé qu’un moment, Thalberg, fatigué de succès, s’étant retiré en Italie, Liszt, délaissant le piano pour le bâton du chef d’orchestre, devenu Capellmeister à Weimar, il n’y avait plus de grands pianistes, non que le monde manquât absolument d’élégants ou brillants virtuoses, les Döhler, les Prudent, les Ravina, les Gottschalk ; c’étaient, si l’on veut, des héros, ce n’étaient pas des dieux : les violonistes tenaient le haut du pavé, et si nul d’entre eux n’avait pu ramasser l’archet de Paganini, resté à l’état de miracle unique, Alard, Vieuxtemps, Sivori n’en scintillaient pas moins de l’éclat des étoiles de première