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Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/160

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larges manches, mi-parties blanches et rouges, nous coiffer de mortiers de velours noir à torsade et à gland d’or ; et, ainsi parés, nous avons processionné par la ville, sous un soleil torride. En tête du groupe des docteurs marchait le roi de Bahonagar, en turban d’or étincelant de fabuleuses pierreries, un collier de diamants au cou. Oserai-je avouer qu’ennemi des banalités et des tons neutres de nos habillements modernes, j’étais enchanté de l’aventure ?

Les membres du cortège ayant pris place sur une estrade, la cérémonie commença par des discours en prose et en vers, en anglais et en latin. De temps en temps, un étudiant lançait une plaisanterie ; on riait, l’orateur attendait patiemment qu’on eût fini de rire et reprenait son discours. J’ai connu le temps où les choses se passaient ainsi sous la coupole de l’Institut, à la distribution des prix de l’Académie des Beaux-Arts ; on y a mis bon ordre, et l’agrément des séances n’y a rien gagné. Les discours terminés, un assesseur, accompagné d’un massier portant une longue masse d’argent, invite chaque docteur à se lever, et après l’avoir harangué en latin, le conduit au président revêtu d’hermine qui le salue docteur in nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti, et lui donne une poignée de main, que suivent les applaudissements frénétiques de l’assistance. Les harangues sont des plus fleuries : on cite Homère et Schiller à propos de M. Max Bruch, Properce à propos de Tchaïkovsky.