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Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/162

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jamais eu rien de commun avec le chantre du Paradis perdu. Et pendant que, sous les frais ombrages, mes heureux confrères se reposent en conversant avec des femmes charmantes, il me faut aller, dans la chapelle du Trinity College, pleine de curieux, m’escrimer sur l’orgue, instrument excellent et d’un maniement commode, fort heureusement. Le soir même, je me séparais de mes hôtes devenus des amis, et je rentrais à Londres, enchanté de mon voyage et de l’accueil qui m’avait été fait.

N’en pouvant parler comme il convient, j’ai omis une grande soirée, donnée le 12 juin dans les salles du Musée, soirée très brillante sous tous les rapports ; je me sentais fatigué et n’y ai paru que quelques instants.

Telles furent ces fêtes, qui m’ont laissé un des meilleurs souvenirs de ma carrière d’artiste. J’en suis revenu confirmé, une fois de plus, dans l’idée que les Anglais aiment et comprennent la musique, et que l’opinion contraire est un préjugé. Ils l’aiment à leur manière, ce qui est leur droit ; mais cette manière n’est pas si mauvaise, puisque l’art lui est redevable des oratorios de Haendel, des grandes symphonies de Haydn, de l’opéra Obéron de Weber, d’Élie et de la Symphonie écossaise, de Mendelssohn, de Rédemption, Mors et Vita, de Gounod, toutes œuvres écrites pour l’Angleterre, et qui, sans elle, ne seraient probablement jamais nées. J’ai toujours sou