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Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/171

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— Et pourtant, objectera-t-on, vous ne pouvez nier qu’on ait créé des chefs-d’œuvre en mettant le drame dans l’orchestre, en réduisant la part vocale à sa plus simple expression, encore que cela vous semble absurde. — Eh ! oui, sans doute, parce qu’au fond il est tout à fait indifférent que cela soit ou non absurde ; parce que tout art repose sur une convention, absurde en elle-même, qui cesse de l’être du moment qu’elle est acceptée ; parce que ce n’est pas l’emploi de tel ou tel système qui établit la supériorité d’une œuvre, mais la valeur de son inspiration ; et tous les rhéteurs du monde auront beau nous faire passer et repasser sous le nez, à satiété, les fleurs en papier de leur rhétorique, il suffira toujours d’une belle voix, chantant une phrase de Gluck ou de Mozart, pour réduire à néant leurs vaines et prétentieuses billevesées. Trois notes de Mlle Delna, et les plus belles théories s’en vont en fumée. Dura lex, sed lex.