Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/177

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Mme Grisi, soprano dramatique, créer Don Pasquale, Lablache se faire applaudir dans des rôles aussi différents que Leporello et le père de Desdémone, Mario dans le comte Almaviva et dans Jean de Leyde, du Prophète, qu’il a interprété à Londres avec un énorme succès en compagnie de Mme Viardot, et celle-ci passer sans effort de l’austère Fidès à la sémillante Rosine, en se donnant de temps à autre le luxe d’escalader les hauteurs du rôle de Donna Anna !

Depuis j’ai revu Don Giovanni aux Italiens, avec une autre troupe, les Frezzolini, les Delle Sedie ; à ceux-ci ne manquait certes pas le talent, mais la foi : prêtres de Verdi, s’ils avaient l’admiration de l’œuvre de Mozart, ils n’en avaient pas le culte ; ce n’était déjà plus « ça », mais c’étaient encore de fort belles exécutions. Il faut mettre à part Mme Patti, dont la grâce piquante, la légèreté d’oiseau, la fraîcheur et la facilité d’organe, l’impeccable exécution, la simplicité savoureuse ont fait, à Paris et à Londres, une Zerline incomparable.

Puis le Théâtre-Italien a disparu, à Paris du moins, et avec lui Don Giovanni, devenu Don Juan ; et nous sommes entrés dans l’ère des représentations plus ou moins brillantes ou intéressantes, mais toutes plus ou moins infidèles : car la langue italienne est indispensable au chef-d’œuvre de Mozart.