Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/187

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mais la Maison était impie, elle dénigrait le Temple et niait les dieux. Les opéras de Mozart n’étaient pas « scéniques », Beethoven n’était pas « mélodique », les gens qui « faisaient semblant de comprendre » les Fugues de Sébastien Bach étaient des poseurs ; bien mieux, la Maison voulait être Temple elle-même, il fallait se prosterner, adorer, déclarer admirables et vénérables des œuvres nées dans un sourire, ne visant qu’à plaire et à charmer. C’en était trop, Force fut de réagir et de railler un peu, ne fût-ce qu’un moment, ce vaudeville qui prétendait éclipser le drame, cette guitare qui prenait le pas sur la lyre immortelle. N’oublions pas que Meyerbeer, en ce temps-là, passait pour trop savant !

Autres temps, autres mœurs. Ce qui était trop savant n’est même plus regardé comme de la musique ; quant à l’Opéra-Comique, une armée tout entière lui a déclaré une guerre implacable. Cette guerre est-elle juste ? C’est ce que nous allons examiner.

L’Opéra-Comique, au dire de ses ennemis, est un genre faux et méprisable, parce que le mélange du chant et du dialogue est une chose abominable et ridicule, incompatible avec l’art. Ceux qui parlent ainsi ne cessent de vanter deux ouvrages, parfaitement beaux d’ailleurs, et de les mettre au-dessus de toute critique : ces deux ouvrages sont le Freyschütz et Fidelio, et ils sont apparentés à l’espèce décalée dont il s’agit : le