Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/189

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qu’on, éprouve au moment où la musique cesse pour faire place au dialogue, sans parler de la sensation contraire, de reflet délicieux qui se produit souvent dans le cas où le chant succède à la parole. Sans le dialogue, — ou le récitatif très simple en tenant lieu, — il n’y a plus de « pièces » possibles ; force est de se réduire a des sujets dénués de toute complication, sous peine d’écrire des œuvres auxquelles le spectateur, non préparé par une longue étude, ne comprendra rien ; tout l’intérêt se concentre alors sur la musique, et l’on ne s’aperçoit pas qu’en vertu de la loi qui veut que les extrêmes se touchent, on arrive, par un chemin détourné, au résultat que l’on fuyait : au lieu d’aller au théâtre pour entendre des voix, on y va pour écouter l’orchestre ; la est toute la différence.

On veut délivrer la Comédie musicale, comme on a délivré le Drame musical. C’est parfait. Il y a bien, de-ci, de-là, quelques esprits arriérés qui se demandent si vraiment c’est en lui imposant des gestes déterminés que l’on délivre quelqu’un ou quelque chose ; si la liberté ne consisterait pas tout simplement à faire ce que l’on veut ; sans souci des aristarques ; mais passons. L’Opéra ; c’est la Tragédie : une action réduite à l’indispensable, des caractères fortement tracés, peuvent à la rigueur lui suffire. En est-il de même de la Comédie ? Son essence n’est-elle pas toute différente ? En renonçant a des habitudes