Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/190

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séculaires, saura-t-elle conserver sa gaieté, sa légèreté ? Problèmes que l’expérience seule peut résoudre. La Comédie musicale nouveau modèle compte déjà deux exemplaires illustres à son actif : les Maîtres-chanteurs de Nuremberg et Falstaff. Œuvres énormes, d’un maniement singulièrement difficile, fastueuses exceptions plutôt que modèles, dont la légèreté est le moindre défaut, et qui n’auraient peut-être pas eu la même fortune si leurs auteurs n’eussent attendu, pour les mettre au jour, qu’une célébrité colossale leur eût ouvert toutes les voies.

Revenons, si vous le permettez, à l’Opéra-Comique. Son histoire n’est plus à faire ; elle a été faite et bien faite ; elle est considérable, et c’est se moquer que de traiter par-dessous la jambe, et comme une quantité négligeable, un genre dont le livre d’or nous montre tant d’œuvres illustres. Simple comédie à ariettes dans le Devin du village, il est déjà dramatique et très musical dans le Déserteur et Richard Cœur de Lion ; mais de Méhul paraît dater l’Opéra-Comique moderne, à qui toute ambition semblait permise, celui qu’on a déclaré genre national, titre de gloire dont on cherche à faire maintenant un sarcasme, presque une injure ! Le vrai genre national, on l’a trop oublié, c’est le Grand Opéra français créé par Quinault, dont l’Armide eut l’honneur d’être illustrée successivement par Lully et par Gluck ; c’est la Tragédie lyrique dont la qualité première était la belle déclamation,