Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/191

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tradition fidèlement gardée jusqu’à l’invasion italienne du commencement de ce siècle. En se retournant vers le chant déclamé, vers le drame lyrique, la France ne ferait donc autre chose que de reprendre son bien sous des apparences plus modernes. Est-ce à dire que l’Opéra-Comique n’ait pas, lui aussi, sa forte dose de nationalité ? A Dieu ne plaise, et tout n’était pas illusion dans cet art « national » ; si cette forme de la comédie alternativement parlée et chantée n’est pas spéciale à notre pays, le caractère qu’il a su lui imprimer lui appartient en propre. Il est à la mode de le nier : la musique, dit-on, n’a pas de patrie ! Nous allons bien voir, et ce n’est pas moi qui me chargerai de la démonstration.

S’il est au monde un critique faisant profession de placer l’Art en dehors des questions de frontière et de nationalité, c’est assurément M. Catulle Mendès.

C’est lui qui va nous instruire ; écoutons-le :

« La gaieté des MAÎTRES-CHANTEURS n’a aucun rapport avec la belle humeur française ! elle est allemande, absolument allemande, cent fois plus allemande que la rêverie de LOHENGRIN, que le symbolisme de l’ANNEAU DU NIEBELUNG, et surtout que la passion de TRISTAN ET YSEULT. Le rire des MAÎTRES-CHANTEURS est NATIONAL. »

C’est le cri de la vérité. La gaieté allemande s’épanouit dans les Maîtres-Chanteurs comme le rire italien s’est esclaffé dans le monde entier avec