Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/238

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ne pourrait se faire sans de longues études, ni se condenser en quelques pages : un gros volume n’y serait pas de trop. Il conviendrait en outre qu’elle fût écrite par un historien joignant à la compétence un absolu désintéressement, sachant s’élever au-dessus des querelles d’école et des caprices de la mode abandonnant même ses préférences personnelles, s’il était : nécessaire. Est-ce bien a un compositeur, arrivant nu terme d’une longue carrière qu’il convient d’assumer une pareille tâche ? ne serait-il pas soupçonné de regarder inconsciemment le passé au détriment, du présent, et dans le cas où il n’agirait qu’a bon escient, ce soupçon n’aurait-il pas pour effet de lui enlever la confiance du lecteur ?

Je n’ose répondre à ces questions, tant la réponse me paraît défavorable ; et si je m’avance quand même sur un terrain brûlant, c’est avec l’intention de n’y faire que peu de chemin et de me retirer sous ma tente le plus tôt possible.

Un fait domine le monde musical moderne : l’émancipation de la musique instrumentale, jusque-là vassale de la musique vocale, et tout a coup prenant son essor, révélant un monde nouveau, se