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Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/87

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sans frémir : là, pas d’applaudissements, pas de recettes à assurer, pas de vanités mondaines à satisfaire, le beau cherche en lui-même et pour lui-même, sous les grandes voûtes mystérieuses et sonores, inspiratrices du respect, disposant d’avance à l’admiration à l’ampleur du style dérivant naturellement des conditions de l’exécution, la noblesse et l’élévation du sentiment posées en principe, — quoi de plus favorable à l’artiste dont la nature se prête à un tel milieu !… Berlioz réunissait toutes les qualités voulues ; il l’a montré dans son Requiem et son Te Deum ; mais la nature de son talent devait l’éloigner d’un genre ou l’élément vocal tient nécessairement, la première place, et, d’autre part, il se sentait peu attiré vers l’église, n’ayant pas la foi. Gounod, qui portait au doigt le monogramme du Christ, l’avait au plus haut degré, si l’on peut appeler de ce nom cette religion spéciale aux artistes chrétiens qui, au fond, n’ont jamais d’autre religion que l’Art : Raphaël, Ingres, furent de cette espèce qui garde le culte des belles formes et des nudités païennes, et s’accommoderait mal de la seule beauté morale jointe à la laideur physique. Pour eux la Grâce, la Charité, c’est toujours la Kharite qui marchait autrefois sur les pas de la déesse de Cythère et n’a fait que changer d’emploi. Ne cherchez donc pas l’ascète chez Gounod, le catholique romain, le fidèle de Saint-Pierre et des basiliques de la Ville Éternelle. Nos modernes esthètes, épris de préraphaélisme