Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/90

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rumentale est mensonge ; quel admirable mensonge ! Si c’est une faute de l’avoir créée, c’est une de ces fautes dont on peut dire ce que l’Église dit du péché d’Adam : O felix culpa ! Heureuse faute, grâce à laquelle Beethoven nous a donné ses neuf Symphonies, dont la dernière semble faire amende honorable en appelant à son aide, à bout de forces et désespérant d’atteindre au ciel, le concours de la voix humaine !

Il n’entre pas dans le cadre de cette étude d’analyser les nombreuses compositions religieuses que Gounod a semées le long de sa féconde et glorieuse carrière, entre la Messe de Sainte-Cécile et les grands oratorios, Rédemption, Mors et Vita, qui, par leur importance exceptionnelle, s’imposent tout particulièrement à notre attention. Nous nous occuperons exclusivement de ces deux dernières œuvres.

On ne peut contester à la doctrine chrétienne cette qualité, qu’elle est une Doctrine, c’est-à-dire un ensemble construit avec un art profond, dont toutes les parties se soutiennent solidement et dont la structure savante commande l’admiration de quiconque a pris la peine de l’étudier.

C’est cette doctrine que Gounod a réussi à résumer dans Rédemption, ou du moins la part la plus essentielle de cette doctrine, celle qui sert de titre à son œuvre.

Un prologue et trois parties suffisent à cette tâche.

Le prologue, très court, dît sommairement la