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Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/98

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les forces de l’orchestre et de l’orgue se réunissent pour porter l’émotion à son comble.

Le Jugement forme la seconde partie. J’ai dit quelles terreurs sortaient de cette musique. Après le sommeil des Morts, après les trompettes de la Résurrection voici que le Juge apparaît ; et ce n’est plus la terreur, c’est l’amour qu’il apporte avec lui. Développée, agrandie, c’est la belle phrase de l’Agnus Dei que chantent tous les instruments à cordes de l’orchestre auxquels viennent, se mêler les chœurs, la foule des élus rassurés par l’arrivée du Sauveur.

Après tant d’émotions, on pouvait craindre que la Jérusalem céleste no parût un peu fade, avec son azur et ses colonnes d’or et de diamants. Il n’en est rien. Dès les premiers accords, un charme si puissant se dégage, que l’on croit sentir, après l’hiver, les effluves divins du printemps. Il y a surtout un coquin de Sanctus — qu’on me pardonne cette expression, — avec des solos de violon, qui vous fait courir des flammes dans les veines. Et pourtant c’est toujours de la musique sacrée, sans aucune concession aux frivolités du siècle. Comment donc l’auteur a-t-il pu obtenir de pareils effets ? C’est son secret ; bien malin qui pourrait le lui prendre.

Le dernier chœur : Ego sum Alpha et Omega, atteint aux dernières limites de la simplicité grandiose ; la belle phrase de l’Agnus y reparaît, et une fugue peu développée, mais impeccablement