Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/99

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écrite et d’une grande puissance, termine le tout.

Le plan des deux oratorios est admirable, musique à part ; un théologien pouvait seul accomplir une telle œuvre. Quant a leur valeur au point de vue de l’orthodoxie, je ne saurais on juger, n’étant point docteur en cette matière. Loin de moi la pensée de la mettre en doute, mais involontairement, je me reporte aux réflexions émises plus haut sur la religiosité des artistes en songeant à l’histoire peu connue de l’opéra Françoise de Rimini, destiné a Gounod dans le principe, et à la raison toute théologique pour laquelle il renonça à terminer cette partition dont il avait composé plusieurs morceaux. Il avait conçu le projet d’un épilogue : la scène, divisée en trois compartiments dans le sens de la hauteur, aurait représenté simultanément l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis, et l’on aurait vu les deux amants passer de l’Enfer au Purgatoire et de la monter au ciel ; il avait écrit lui-même, en vers excellents, le texte de ce prologue. Jules Barbier et Michel Carré, quoique fort peu théologiens, ne purent jamais se résoudre à une telle audace ; et après de nombreuses luttes, Gounod leur rendit la pièce, qui échut à Ambroise Thomas, Bien qu’une telle aventure soit peu faite pour donner confiance dans l’autorité théologique du maître, je crois qu’un Père de l’Église n’aurait désavoué ni le texte poétique français de Rédemption, tout entier de sa main, ni la savante