Page:Saint-Saëns - Rimes familières.djvu/56

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La Vertu ! que le ciel me garde d’en médire !
Il n’est rien de si beau, de si grand à mes yeux.
Mais — (mieux que moi ton père est là pour t’en instruire)
On la célèbre mal dans la langue des dieux.

Quand Homère chantait la colère d’Achille,
Quand Horace effeuillait des roses sur le vin,
Sur la reine Didon lorsque pleurait Virgile
Inventant pour la plaindre un langage divin,

Nul d’entre eux ne songeait à réformer le monde ;
Poètes, ils faisaient des vers, comme en été
L’abeille cherche dans la corolle profonde
Son miel dont la saveur est une volupté.

Rouvre ton aile, ami ! sois digne de ta race !
De corriger les mœurs ne va pas te flatter.
Le feu de la Jeunesse est la lave qui passe,
Et des sermons rimés ne peuvent l’arrêter.