Page:Saint-Simon - Œuvres, vol. 4-5.djvu/30

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constitué ; état de choses monstrueux dans lequel les gouvernants administrant les affaires générales dans leur intérêt et à leur profit, au lieu de les gérer dans l’intérêt des peuples et à leur plus grand avantage.

Ne doit-on pas s’attendre que les pouvoirs des gouvernants seront diminués, et que les sommes consenties par les nations européennes pour les frais d’administration de leurs affaires seront considérablement restreintes ; en un mot que le mode d’administration des affaires publiques, existant encore aujourd’hui, sera totalement changé ; qu’il sera entièrement anéanti, et qu’il éprouvera enfin le même sort que l’anthropophagie, que le système politique qui avait été fondé sur la croyance aux décisions des aruspices et des augures, que celui qui a existé dans le moyen âge[1] et en ?

  1. Deux choses sont très-essentielles à remarquer :

    La première de ces choses est que la critique des philosophes du xviiie siècle a beaucoup plus porté sur les choses que sur les hommes, sur les principes fondamentaux du système politique que sur la forme du gouvernement ; que le changement dont ils ont principalement manifesté le désir était celui d’où il résulterait que la nation accorderait plus de confiance à ses connaissances positives qu’à ses sciences conjecturales ; aux gens laborieux qu’aux gens désœuvrés ; à ceux qui satisfaisaient tous ses besoins, qu’à ceux qui ne l’entretenaient que de rêveries, de manière qu’ils auraient dit à peu près les mêmes choses, quelle qu’eût été la forme du gouvernement sous lequel ils eussent vécu, quels qu’eussent