Page:Saint-Simon - Œuvres, vol. 4-5.djvu/42

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la vraie philosophie ; qu’à l’époque où elle aura reconnu que son gouvernement sera inévitablement arbitraire tant que ses chefs seront pris parmi les militaires et les métaphysiciens, où elle aura reconnu que ses gouvernants seront nécessairement despotes tant qu’ils seront réputés par la société les personnages les plus importants de l’État, ceux qui lui sont le plus utiles et qui méritent, par conséquent, le plus de considération ; qu’à l’époque, enfin, où (ayant arrêté l’idée que sa prospérité ne peut résulter que du progrès des sciences, des beaux-arts et des arts et métiers) elle regardera les savants, les artistes et les artisans comme les hommes qui lui sont le plus utiles, et par conséquent, comme ceux auxquels elle doit accorder le premier degré de considération ; époque heureuse pour l’espèce humaine, à laquelle les fonctions de gouvernants seront réduites à n’être plus que de la nature de celles de surveillants dans les colléges : les surveillants ne sont chargés que du soin de maintenir l’ordre ; c’est aux professeurs qu’est confiée la direction des travaux des élèves. Il doit en être de même dans l’État : les savants, les artistes et les artisans doivent diriger les travaux de la nation ; les gouvernants ne doivent être occupés que