Page:Saint-Simon - Œuvres, vol. 4-5.djvu/49

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leur temps et les mettant dans l’impossibilité d’accepter des places dans le gouvernement.

Ainsi, en troisième lieu, nous aurions dû améliorer le régime parlementaire en composant la chambre des députés des chefs de toutes les branches de l’industrie[1].

  1. À l’époque où les communes se sont rachetées, il n’y avait d’artisans que dans les villes ; la culture était encore dans l’enfance et les seigneurs en possession, avec le clergé, de la presque-totalité du sol de la France, étaient propriétaires du petit mobilier aratoire qui servait à l’exploitation de leur domaine. Depuis cette époque, les choses ont bien changé à cet égard, surtout dans les départements situés au nord de la Loire. Il s’est formé une classe d’artisans qui prennent les terres à ferme, et qui les exploitent avec un mobilier qui leur appartient. Cette classe d’industriels est devenue la plus importante de toutes, et elle doit jouer le rôle le plus important dans la chambre des communes.

    Il ne faut pas confondre, comme on l’a fait en politique jusqu’à ce jour, le propriétaire avec le cultivateur. Un contrat ou une conquête suffisent pour l’aire un propriétaire ; un mobilier et de la capacité sont indispensablement nécessaires pour constituer un cultivateur.

    Il existe encore en faveur des propriétaires territoriaux un préjugé qui retarde beaucoup les progrès de la civilisations Beaucoup de personnes ont la bonhomie d’admettre la prétention qu’ils élèvent d’être la classe de la société la plus intéressée au maintien de l’ordre, tandis que ce fait est absolument faux, car ce sont les cultivateurs qui souffrent le plus du désordre. On pille une grange, on emmène les chevaux des écuries, on mange les vaches, les porcs et les moutons ; en quelques heures on peut ruiner un fermier, tandis qu’on ne peut ni détruire ni emporter la terre. Le propriétaire n’a que son revenu d’exposé, tandis que le fermier court les risques de perdre son capital.