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Page:Saint-Simon - Œuvres, vol. 6-7.djvu/435

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Je porte contre les protestants une troisième accusation d’hérésie :

Je les accuse d’avoir adopté un mauvais dogme.

Dans l’enfance de la religion, à l’époque où les peuples étaient encore plongés dans l’ignorance, leur curiosité ne les excitait que faiblement à l’étude des phénomènes de la nature ; l’ambition de l’homme ne s’était pas élevée au point de vouloir maîtriser sa planète et de la modifier de la manière la plus avantageuse pour lui ; les hommes avaient alors peu de besoins dont ils eussent clairement conscience ; mais ils étaient agités par les passions les plus violentes, fondées sur des désirs et sur des volontés vagues, fondées principalement sur le pressentiment de l’action puissante qu’ils étaient appelés à exercer sur la nature ; le commerce, qui depuis a civilisé le monde, n’existait encore qu’en rudiments ; chaque petite peuplade se constituait en état d’hostilité à l’égard de tout le surplus de l’espèce humaine, et les citoyens n’étaient liés avec tous les hommes qui n’étaient pas membres de leur cité par aucun lien de morale. Ainsi la philanthropie ne pouvait exister encore à cette époque que comme un sentiment spéculatif.