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NOTES.

ecclésiastiques, sans ôter son bonnet[1] puis au président, ôtant son bonnet ; ensuite il monta au roi, auprès duquel se joignirent M. le duc d’Enghien, M. le Prince et M. le duc d’Orléans, pour donner leurs avis ; et puis étant revenu dans sa place, et ayant dit qu’on fit entrer M. de Verneuil, et lui s’étant présenté sans épée a la place des récipiendaires, il prononça : Le roi tenant son parlement a ordonné et ordonne que vous serez reçu en la charge et dignité de duc et pair de France, en prétant par vous le serment en tel cas requis et accoutumé Levez la main. Vous jurez et promettez de bien et fidèlement servir le roi, lui donner avis dans ses plus importantes affaires, et séant au parlement rendre la justice au pauvre comme au riche, tenir les délibérations de la cour closes et secrètes, et vous comporter comme un digne, vertueux et magnanime duc et pair, officier de la couronne et conseiller en cour souveraine doit faire. Ainsi vous le jurez et le promettez.

« M. de Verneuil ayant répondu oui, M. le chancelier dit Le roi vous ordonne de prendre votre épée. L’huissier, qui la portoit auprès de lui, l’ayant remise dans le baudrier, M. de Verneuil alla prendre sa place sur le banc, et à la suite des anciens ducs.

« Cette même formalité fut observée pour chacun des autres ducs. Ils furent reçus suivant l’ordre qui suit.: M. de Verneuil, le premier, duc de Verneuil ; M. le maréchal d’Estrées, duc de Cœuvres ; AI. le maréchal de Grammont, duc de Grammont ; M. de La Meilleraye, duc de La Meilleraye ; 1. de Mazarin, duc de Rethel (pairie mâle et femelle) M. de Villeroy, duc de Villeroy ; M. de Mortemart, duc de Mortemart ; M. de Créqui, duc de Poix ; M. de Saint-Aignan, duc de Saint-Aignan ; M. de Foix, duc de Randan (pairie mâle et femelle, à cause de Mmes de Senecey[2] et de Fleix) ; M. de Liancourt, duc de La Rocheguyon ; M. de Tresmes, duc de Tresmes ; M. de Noailles, duc d’Ayen ; M. de Coislin, duc de Carnbout.

« M. de Noailles faisoit ce jour la charge de capitaine des gardes en place de M. de Villequier malade. Voyant que, pour prêter le serment, il étoit de l’ordre d’ôter l’épée, il fit demander au roi, par M. le chancelier, si lui, faisant fonction de capitaine des gardes du corps, il devoit la quitter et son bâton[3]. Le roi répondit qu’il la devoit ôter, et il l’ôta comme les autres.

  1. L’omission de cette formalité fut une des causes de la haine de Saint-Simon contre le parlement.
  2. Marie-Catherine de La Rochefoucauld, mariée te 7 août 1607 à Henri de Beaufremont, marquis de Senecey. Elle était première dame d’honneur d’Anne d’Autriche, et ayait été gouvernante de Louis XIV. La comtesse de Fleix, sa fille, était mère de Gaston de Foix, qui fut nommé duc de Randan, en 1663.
  3. Le capitaine des gardes du corps en quartier portait un bâton de commandement comme signe de sa dignité.