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NOTES.

la Sainte-Chapelle, où il entendoit la messe, M. de Nesmond et les trois présidents suivants, avec six conseillers, furent au-devant, à l’ordinaire. Incontinent après le roi arriva, M. le Duc, M. le Prince et Monsieur marchant devant lui, sans le bruit des tambours ni des trompettes, ayant seulement un capitaine des gardes, qui étoit M. de Noailles, qui servoit pour M. de Villequier malade. Le roi prit sa place ordinaire avec les ducs et les carreaux accoutumés, n’ayant aucun de ses officiers auprès de sa personne, ni capitaine des gardes, ni chambellan, ni autres ; M. le duc d’Orléans, M. le Prince et M. le duc d’Enghien en leurs places à droite ; au-dessous d’eux, MM. les ducs de Guise, d’Uzès, de Beaufort, de Luynes, de Lesdiguières, de Richelieu, de Retz. À la gauche étoient MM. les ducs de Laon et de Langres et comte de Noyon, pairs ecclésiastiques. Le roi étoit vêtu de noir avec des plumes sur son chapeau et garniture jaune, tous les autres seigneurs vêtus de noir.

« Chacun étant assis et couvert, le roi dit qu’il étoit venu pour faire recevoir les nouveaux ducs. Après, M. le chancelier partit de sa place pour aller recevoir l’ordre du roi. Étant revenu non point dans celle de l’encoignure, comme lorsque c’est lit de justice, mais sur le banc des présidents, il lut, en son particulier, un papier où étoient écrits les noms des ducs à recevoir, selon l’ordre que le roi leur avoit donné, dont personne n’avoit connoissance. Il demanda qui avoit les lettres de M. de Verneuil[1]. M. Perrot-la-Malmaison, qui en étoit rapporteur, prit la parole, et en fit la lecture nu-tête ; tout le préambule en fut supprimé, et on lut le dispositif. Après, M. le chancelier dit que le roi ordonnoit le soit montré et le soit informé[2], sans prendre l’avis de personne.

« Perrot étant passé au greffe, M. le chancelier fit lire ensuite celles (les lettres) de M. le maréchal d’Estrées, puis de M. le maréchal de Grammont, et ainsi de plusieurs autres, jusques à ce que M. Perrot fût revenu. Alors lecture ayant été faite, par M. Perrot étant couvert, [des dépositions] de deux témoins et des conclusions, M. le chancelier lui demanda son avis. Il dit six lignes fort bien en faveur de M. de Verneuil, et fut d’avis des conclusions[3]. M. le chancelier demanda ensuite l’avis à tous les conseillers de la grand’chambre et des enquêtes, suivant l’ordre ordinaire, puis aux ducs laïques et aux pairs

  1. Henri de Bourbon, duc de Verneuil, était fils naturel d’Henri IV. Il avait épousé Charlotte Séguier, fille du chancelier. Il est question plusieurs fois de cette duchesse de Veraeuil dans Saint-Simon. Voy., entre autres pages 31 et 32 du présent volume.
  2. Formule par laquelle on renvoyait une pièce à l’examen des gens du roi, qui remplissaient les fonctions du ministère public.
  3. Les conclusions étaient rédigées par les gens du roi.