Molinos, ce prêtre espagnol qui a passé pour le chef des quiétistes, et pour en avoir renouvelé les anciennes erreurs, étoit mort à Rome dans les prisons de l’inquisition, tout au commencement de cette année, et cela me fait souvenir qu’il est temps de reprendre l’affaire de M. de Cambrai. J’ai laissé Mme Guyon dans le donjon de Vincennes, et j’ai omis bien des choses curieuses, parce qu’elles se trouvent dans ce qui a été imprimé de part et d’autre. Il faut néanmoins dire, pour l’intelligence de ce qui va suivre, qu’avant d’être arrêtée, elle avoit été mise entre les mains de M. de Meaux, où elle avoit été fort longtemps chez lui, ou dans les filles de Sainte-Marie de Meaux, où ce prélat s’étoit instruit à fond de sa doctrine, sans avoir pu lui persuader de changer de sentiments. On peut juger qu’elle les avoit épurés en effet, ou du moins en apparence, de tout ce qui étoit reproché de sale et de honteux à cette doctrine, et à ce qui lui avoit été reproché de sa conduite avec le P. Lacombe, et de ses bizarres voyages avec lui. Sans des précautions les plus scrupuleuses là-dessus, elle n’auroit pu surprendre la candeur et la pureté des mœurs des ducs de Chevreuse et de Beauvilliers, de leurs épouses, de l’archevêque de Cambrai, et de bien d’autres personnes qui faisoient l’élite de son petit troupeau. Mais, lasse enfin d’être comme prisonnière