Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/135

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le moins défié. Il prit le parti d’écrire une seconde lettre à M. de Meaux, et en même temps de la publier. Il lui faisoit des reproches, mais comme un ami, d’avoir communiqué sa réponse sur sa dispute avec M. de Cambrai, qu’il lui avoit écrite avec ouverture de cœur, dans sa confiance accoutumée de leur commerce de lettres, que celle-ci seroit brûlée aussitôt qu’elle auroit été lue ; qu’il étoit affligé avec amertume de la peine qu’il apprenoit de toutes parts qu’elle causoit à des personnes dont il avoit toujours particulièrement honoré les vertus, les places et les personnes, qu’il l’étoit encore davantage du bruit qu’il lui revenoit que faisoit sa réponse, lui qui depuis tant d’années ne cherchoit qu’à être oublié, qui dans aucun temps n’étoit entré dans aucune affaire de l’Église, et qui, en les évitant toutes, ne s’étoit vu forcé, qu’avec un très-grand déplaisir, à se défendre sur des questions monastiques de son état qui l’avoient conduit plus loin qu’il n’auroit voulu, mais qu’il n’avoit pu abandonner en conscience ; qu’il étoit vrai que ce qu’il lui avoit mandé sur M. de Cambrai, il l’avoit pensé, et qu’il le penseroit toujours ; niais que, sans penser autrement ni chercher le moins du monde à se déguiser, surtout sur des points de doctrine, où il se seroit tu s’il avoit pu craindre de se voir imprimer, parce que son partage étoit la retraite et le silence, ou, s’il avoit été forcé à s’expliquer, il l’auroit fait au moins dans des termes mesurés, convenables à être publiés, et propres à répondre à sa vénération pour l’épiscopat, et en particulier au respect qu’il avoit pour la personne, la vertu et le savoir de M. de Cambrai, et que l’entière différence de sentiment où il étoit de lui ne devoit pas altérer pour sa dignité dans l’Église, ni pour sa personne. C’étoit là dire, ce semble, tout ce qu’il était possible de plus satisfaisant, et c’étoit à M. de Meaux, et plus encore à Mme de Maintenon, qu’il s’en falloit prendre, qui avoient commis une si grande infidélité pour exciter tout ce fracas. Mais M. de Cambrai et ses amis, à bout de