Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/188

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tous les voyages que le roi avoit faits, il avoit nommé des dames pour suivre la reine ou Mme la Dauphine dans les carrosses de ces premières princesses.

Ce qu’on appela les princesses, qui étoient les bâtardes du roi, avoient leurs amies et leur compagnie pour elles, qu’elles faisoient agréer au roi, et qui alloient dans leurs carrosses à chacune, mais qui le trouvoient bon et qui marchoient sur ce pied-là. En ce voyage-ci tout fut bon pourvu qu’on allât. Il n’y en eut aucune dans le carrosse du roi que la duchesse du Lude avec les princesses. Monsieur et Madame demeurèrent à Saint-Cloud et à Paris.

La cour en hommes fut extrêmement nombreuse, et tellement que pour la première fois, à Compiègne, les ducs furent couplés. J’échus avec le duc de Rohan dans une belle et grande maison du sieur Chambaudon, où nous fûmes nous et nos gens fort à notre aise. J’allai avec M. de La Trémoille et le duc d’Albret, qui me reprochèrent un peu que j’en avois fait une honnêteté à M, de Bouillon, qui en fut fort touché. Mais je crus la devoir à ce qu’il étoit, et plus encore à l’amitié intime qui étoit entre lui et M. le maréchal de Lorges, et qui en outre étoient cousins germains.

Les ambassadeurs furent conviés d’aller à Compiègne. Le vieux Ferreiro, qui l’étoit de Savoie, leur mit dans la tête de prétendre le pour. Il assura qu’il l’avoit eu autrefois à sa première ambassade en France. Celui de Portugal allégua que Monsieur, le menant à Montargis, le lui avoit fait donner par ses maréchaux des logis, ce qui, disoit-il, ne s’étoit fait que sur l’exemple de ceux du roi ; et le nonce maintint que le nonce Cavallerini l’avoit eu avant d’être cardinal. Pomponne, Torcy, les introducteurs des ambassadeurs, Cavoye protestèrent tous que cela ne pouvoit être, et que jamais ambassadeur ne l’avoit prétendu, et il n’y en avoit pas un mot sur les registres ; mais on a vu quelle foi les registres peuvent porter. Le fait étoit que les ambassadeurs sentirent l’envie que le roi avoit de leur étaler la magnificence de ce camp, et